
Le MEMORIAL ACTe récompensé à Londres
Le MÉMORIAL ACTe a reçu le prix «HIGHLY COMMENDED WIDER WORLD TOURISM PROJECT» lors des British Guild of Travel Writers Awards à Londres.
Le 1er Novembre 2015, au Savoy Hôtel, lieu prestigieux de la capitale britannique, le Mémorial ACTe a reçu le prix du «Highly Commended Wider World Tourism Project» (hautement félicité dans la catégorie des plus grands projets touristiques au monde) par les 270 journalistes professionnels, écrivains, éditeurs, photographes et blogueurs de la British Guild of Travel Writers.
« Depuis plus de 30 ans, ces trophées récompensent la diversité et la créativité de projets touristiques à travers le monde, tout en soulignant leur forte contribution à l’économie locale » précise la Présidente de la BGTW, Mme Mary Moore Mason.
Le Mémorial ACTe devance dans sa catégorie les réalisations suivantes:
• Center for Civil and Human Rights, Atlanta, Georgia, USA
• Bagan Temple Complex, Myanmar
• Nga Haerenga, The New Zealand Cycle Trail, New Zealand
• MAR, Museum of Art of Rio, Rio de Janeiro, Brazil
• White House Visitor Center, Washington DC, USA
Revivez l’événement : https://www.youtube.com/watch?v=wcUdQeU2uGA#action=share
Visiter la maison du patrimoine
Le bureau des guides du patrimoine de Basse Terre occupe une véritable maison créole bourgeoise du début du 19ème siècle. Jolie cour intérieure typique de l’architecture créole du centre-ville.
Expositions temporaires.
Livret historique en vente sur place.
24 rue Léon Baudot.
Tél.0590 80 88 70 ou 0590 80 88 75/76.
Basse Terre – Une histoire marquée par les catastrophes naturelles
Un site protégé par les alizés, à l’embouchure de la rivière du Galion, une nature généreuse : Charles Houël était persuadé d’avoir trouvé l’emplacement idéal pour fonder une colonie, au nom de la compagnie des Isles d’Amérique. Sept ans plus tard, Basse Terre est défendue par un fort massif, ancêtre du fort Delgrès. Alors que tout le monde croit la ville protégée, le fort attire comme un aimant les expéditions anglaises qui détruisent Basse Terre à plusieurs reprises, quand elle n’est pas dévastée par le ruissellement des eaux de pluie qui descendent de la Soufrière. Houël n’avait pas non plus repérer la présence de la Soufrière, qui se réveille soudain en 1976 et provoque l’exode de 80 000 personnes. Beaucoup ne sont jamais revenues et se sont installées en Grande Terre. Après une vingtaine d’année de léthargie, Basse Terre connaît une nouvelle croissance, et espère que la nature lui laissera le temps d’en profiter.
De la départementalisation à la régionalisation
En 1946, la Guadeloupe, à l’instar de la Martinique, de la Guyane et de la Réunion, devient département. Pour assurer la reconstruction des bâtiments publics (mairies, palais de justice) et des églises, on fit appel à l’architecte Ali Tur, qui utilisa la technique, alors nouvelle, du béton armé. La canne continuait de jouer un rôle prédominant dans l’économie. À la production de sucre, assurée par une quinzaine d’usines, s’ajouta la production de rhum, dont les exportations vers la métropole furent stimulées pendant la guerre de 1914-1918, puis limitées ensuite par un système de contingentement. Une nouvelle culture d’exportation apparut, celle de la banane, dont la Guadeloupe exporta vers la métropole 514t en 1923. En quatre ans, la production tripla, puisqu’en 1927 1 400t de bananes furent envoyées vers la France: la seule limite à l’accroissement de l’exportation était alors constituée par la capacité de transport. Pendant une partie de la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à juillet 1943, la Guadeloupe, avec le gouverneur Sorin, lui-même placé sous l’autorité du haut-commissaire de la France aux Antilles, l’amiral Robert, resta dans l’obédience du gouvernement de Vichy. La vie politique fut suspendue, et des municipalités nommées remplacèrent les municipalités élues. Aussi, de nombreux Guadeloupéens rejoignirent-ils les Forces françaises libres, via la Dominique; d’autres furent internés sous divers motifs au fort Napoléon, à Terre-de-Haut des Saintes (parmi lesquels Valentino) des manifestations antivichystes se produisirent, notamment à Basse-Terre (l’actuelle préfecture). En juillet 1943, la Guadeloupe se rallia à son tour à la France libre et un certain nombre de Guadeloupéens participèrent aux derniers combats de la guerre.
Sous la 4ème République, la vie politique guadeloupéenne apparaît comme un prolongement de celle de la métropole. Sous la 4ème République, la vie politique guadeloupéenne apparaît comme un prolongement de celle de la métropole. La gauche socialiste et l’extrême gauche communiste (la fédération guadeloupéenne du Parti communiste français existait depuis 1944) dominent. Sous la 5ème République, les courants traditionnels subsistent, mais parfois se transforment. La Fédération communiste devient le Parti communiste guadeloupéen. Apparaissent surtout des courants nationalistes qui récusent le jeu politique traditionnel. La vie politique classique, s’exprimant lors des élections, est plutôt dominée par la droite gaulliste ou proche du gaullisme, qui entend défendre la départementalisation. La Guadeloupe, pendant cette période, s’est profondément transformée: la plupart des usines sucrières ont été fermées; la culture de la banane a gagné de nouvelles communes. La ville de Pointe-à-Pitre, environnée de quartiers insalubres, voit s’élever de nouveaux bâtiments publics et à proximité, à la pointe Fouillole, les facultés de sciences et de droit. Le tourisme s’implante le long de la côte sud de la Grande-Terre. Cette mutation s’accompagne également de tensions sociales: en mai 1967, une grève d’ouvriers du bâtiment débouche sur de graves troubles. Une autre crise naît en 1976 de la menace d’éruption de la Soufrière, lorsque les autorités choisissent de faire évacuer sur la GrandeTerre la population des zones à risque. L’alerte dure plusieurs mois et ce choix est violemment contesté. Depuis 1982, la Guadeloupe a le statut de région monodépartementale. L’économie demeure tributaire des investissements publics et la principale culture d’exportation, la banane, est menacée par la concurrence d’autres producteurs tropicaux.
Société
La Guadeloupe compte quelques 405 500 habitants. La société antillaise est une société hybride, composite, qui a donné naissance à une identité mosaïque. Le terme « créole » serait dérivé de l’espagnol criollo (et du latin creare), signifiant « né aux Amériques ».
Le père Labat, auteur du Nouveauvoyage aux Isles de l’Amérique, désigne déjà les premiers esclaves nés sur le soleil antillais comme « Nègres créoles ».
Les Amérindiens
La première trace du peuplement antillais est celle des Amérindiens caraibes qui vivaient sur les Îles au moment de leur « découverte » par les Européens. Beaucoup furent massacrés. Mais comme le dit justement Édouard Glissant , la culture caraibe n’a pas « disparu », elle a « désapparu ». Beaucoup de pratiques et de termes utilisés viennent directement des Amérindiens. Ce sont eux qui ont transmis l’art de fabriquer des canots de pêche dans le tronc du gommier, de tresser la vannerie à partir du latanier, de planter le manioc et d’en extraire la farine, de fabriquer les nasses, de construire les fours à charbon de bois, etc. La plupart des noms de plantes et d’arbres viennent de la langue caraibe, comme le mahogani, le gaïac et le gommier. Quant au « jardin caraibe », il désigne le jardin créole qui voit s’entremêler plantes et légumes sur un tout petit bout de terre. La Maman d’eau (Manman Dio en créole), sirène à la beauté ensorceleuse, est elle aussi d’origine amérindienne.
La gauche socialiste et l’extrême gauche communiste (la fédération guadeloupéenne du Parti communiste français existait depuis 1944) dominent. Sous la 5ème République, les courants traditionnels subsistent, mais parfois se transforment; la Fédération communiste devient le Parti communiste guadeloupéen. Apparaissent surtout des courants nationalistes qui récusent le jeu politique traditionnel. La vie politique classique, s’exprimant lors des élections, est plutôt dominée par la droite gaulliste ou proche du gaullisme, qui entend défendre la départementalisation. La Guadeloupe, pendant cette période, s’est profondément transformée : la plupart des usines sucrières ont été fermées; la culture de la banane a gagné de nouvelles communes. La ville de Pointe-à-Pitre, environnée de quartiers insalubres, voit s’élever de nouveaux bâtiments publics et à proximité, à la pointe Fouillole, les facultés de sciences et de droit. Le tourisme s’implante le long de la côte sud de la Grande-Terre. Cette mutation s’accompagne également de tensions sociales: en mai 1967, une grève d’ouvriers du bâtiment débouche sur de graves troubles. Une autre crise naît en 1976 de la menace d’éruption de la Soufrière, lorsque les autorités choisissent de faire évacuer sur la GrandeTerre la population des zones à risque. L’alerte dure plusieurs mois et ce choix est violemment contesté. Depuis 1982, la Guadeloupe a le statut de région monodépartementale. L’économie demeure tributaire des investissements publics et la principale culture d’exportation, la banane, est menacée par la concurrence d’autres producteurs tropicaux.
Noirs, métis et mulâtres
« La véritable Genèse des peuples de la Caraïbe, c’est le ventre du bateau négrier et c’est l’antre de la Plantation », écrit Édouard Glissant dans Introduction à une poétique du divers. Les Noirs et les métis sont les descendants des Africains venus par force de la côte de l’Afrique de l’Ouest et tenus en esclavage deux siècles durant dans les champs de canne et de café. Ils représentent les quatre cinquièmes de la population. En 1685, le Code noir, qui régit les rapports entre maîtres et esclaves, interdit les unions entre Blancs et Noirs. Dans la première moitiè du XX » siècle, la négrophobie est de régie. Une expression créole en dit long sur ces préjugés qui imprègnent encore la société martiniquaise ou guadeloupéenne : « Nwè kon an péché môwtèl » (« Noir comme un péché mortel »). « Vieux Nègre », « Nègre d’habitation », « Nègre-Guinée » sont encore aujourd’hui des insultes courantes. Les traces de l’Afrique noire sont relativement immatérielles: pratiques magico-religieuses, chants ou danses. Ceux qu’Édouard Glissant appelle les » migrants nus » ont tant bien que mal survécu au traumatisme originel: ne pouvant rien emporter avec eux, mais conservant [ »’esprit ancestral ».
Aujourd’hui des pratiques survivent, venues directement de l’Afrique de l’Ouest, comme l’enterrement du placenta et du cordon ombilical séché accompagné de la plantation d’un arbre. En Afrique, en peul, le sulnmyanio -le soucougnan aux Îles désigne le sorcier, le jeteur de sorts. Quant au zumbi, le zombie du vaudou nous apprend dans un livre de 1958 qu’il désigne des apparitions nocturnes. Au départ, le terme de mulâtre désignait les enfants d’un Blanc et d’une Noire, d’un béké et d’une concubine, noire ou mulâtresse.
Aujourd’hui, il désigne un groupe qui a fini par posséder un phénotype spécifique. Un vieux proverbe colonial ne dit-il pas « Dès qu’un mulâtre possède un cheval, il oublie que sa mère est une Négresse ». En effet, les mulâtres, enfants illégitimes des maîtres blancs et des femmes noires, ont longtemps renié leur part noire, les cheveux crépus, le nez épaté ou les lèvres charnues. Tout au long du 19ème siècle, à Saint-Pierre, alors capitale de la Martinique, on désigne le groupe mulâtre comme la « classe jaune ».
Beaucoup occupent aujourd’hui des professions libérales auréolées d’un certain prestige (pharmaciens, avocats, médecins, etc.)
Le creuset créole
« Nous nous déclarons créoles. [ …]. Chamoiseau, Raphaël Confiant La créolité est l’agrégat et Jean Bernabé dans Éloge interactionnel ou transactionnel de la créolité des éléments culturels caraïbes, est limpide: l’homme antillais est européens, africains, asiatiques le dépositaire de tous les peuples et levantins que le joug de qui ont vécu et se sont installés, l’Histoire a réunis sur le même sol. Aux Antilles, celui qui porte la définition de la créolité porte en lui toutes ces traces.
XVIIIe siècle Une vocation sucrière qui s'affirme
Le nombre des sucreries passa de 3 à 278 dans la première moitié du 18ème siècle, la majorité d’entre elles était implantée en Grande-Terre. La culture de l’indigo, qui avait connu un certain essor à la fin du XVII’ siècle, déclina rapidement, jusqu’à disparaître en 1730. Le cotonnier, cultivé à la Désirade et dans les régions peu arrosées de la Grande-Terre, occupa quelques milliers d’hectares. La culture du caféier ne prit réellement son essor qu’après 1750.
LES CONSÉQUENCES DE L’OCCUPATION BRITANNIQUE
En 1759, lors de la guerre de Sept Ans, la Guadeloupe fut attaquée par les Anglais. Le gouverneur, mal soutenu par les colons et ne recevant qu’un secours tardif de la Martinique, capitula le 1″ mai 1759. L’occupation britannique, qui dura jusqu’au début de juillet 1763, eut d’importantes conséquences. En premier lieu, la baie située au sud de la rivière Salée et au pied du morne Renfermé, que les navires anglais utilisaient comme port, fut le berceau de l’agglomération de Pointe-à-Pitre (d’abord bourg du Morne-Renfermé). Cette initiative anglaise, due surtout à l’action des négociants, ne fut pas remise en cause par la suite. Les Anglais furent également à l’origine de l’introduction en Guadeloupe de quelque 18 000 esclaves, utilisés pour la mise en valeur de la Grande-Terre. Après 1763, l’essor économique de la Guadeloupe se poursuivit. Les sucreries devinrent de plus en plus nombreuses: 391 en 1790, dont 203 en Grande-Terre. Une autre culture, celle du caféier, commença à progresser jusqu’à couvrir en 1777 l’équivalent de près de 12 OOO ha, non seulement le long de la côte sous le vent mais aussi dans les régions accidentées de la Grande-Terre et à Marie-Galante. L’économie reposait entièrement sur l’esclavage, alimenté par la traite.
LA GUADELOUPE À LA VEILLE DE LA RÉVOLUTION
La Guadeloupe avait été pour un temps (1763-1769) détachée de sa subordination administrative à l’égard de la Martinique, subordination jugée préjudiciable aux intérêts de la colonie. Cependant le pouvoir royal revint sur cette décision, du moins dans les domaines militaire et financier. La guerre d’Indépendance des colonies britanniques, futurs États-Unis, fut marquée pour la Guadeloupe par la bataille navale des Saintes (avril 1782), qui se déroula en réalité entre les Saintes et la Dominique, sous les commandements de l’Anglais Rodney et de l’amiral français de Grasse. L’Exclusif (monopole commercial de la métropole), corrigé par un commerce de contrebande très actif, fut atténué en 1784 : un port où les Nord Américains pouvaient venir commercer fut établi d’abord à Pointe-à-Pitre, puis à Basse-Terre en 1788. Ces décisions successives suscitèrent évidemment une rivalité entre les deux villes. En ce qui concernait ses institutions, la Guadeloupe fut dotée en 1787 d’une assemblée coloniale, dont les attributions furent surtout fiscales (répartition de l’impôt) et qui incluait, outre des représentants des villes et des quartiers (subdivisions équivalant aux actuelles communes), le gouverneur et l’intendant. L’assemblée coloniale s’ajouta au Conseil souverain ou supérieur, juridiction suprême de la colonie qui existait depuis 1646. En 1789, la composition de la population de la Guadeloupe était celle d’une colonie à esclaves : ces derniers étaient près de 90 000 ; les Blancs, de conditions diverses (tous n’étaient pas des planteurs) étaient au nombre de 14 000 et il n’y avait que 3000 « libres de couleur », qui vivaient principalement dans les villes et bourgs.
La période révolutionnaire
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION: SÉCESSION ROYALISTE ET RÉPUBLIQUE
Comme dans les autres îles, ce furent les Blancs qui tout d’abord occupèrent le devant de la scène en Guadeloupe : aux « patriotes », favorables aux changements que connaissait la métropole, s’opposèrent les planteurs, qui cherchaient à tirer parti de l’affaiblissement du pouvoir central pour affirmer une certaine autonomie. De 1789 à la fin de l’année 1792, la Guadeloupe fut dominée par une assemblée coloniale interprète des intérêts des planteurs.
Dès cette période, une certaine agitation apparut chez les libres de couleur.
Gouverneur et assemblée coloniale refusèrent, à la mi-octobre 1792, de se soumettre au régime républicain. Marie-Galante, hostile à la prépondérance de l’île principale, se rallia à la République. Les républicains, grâce notamment à la propagande d’un envoyé de la Convention, Lacrosse, prirent le contrôle de l’ensemble de la colonie en janvier 1793. Mais ce régime affaibli par les dissensions entre républicains modérés, qui trouvèrent un chef de file en la personne du gouverneur, le général Collot, et jacobins ou ultrarévolutionnaires. Une grave mais brève révolte d’esclaves se produisit à T’rois-Rivières, dans le sud de la Guadeloupe proprement dite: plusieurs hommes et femmes, y furent massacrés dans la nuit du 20 avril 1793.
Les Anglais s’emparèrent de la Guadeloupe en avril 1794.
LA GUADELOUPE À LA VEILLE DE LA RÉVOLUTION
La Guadeloupe avait été pour un temps (1763-1769) détachée de sa subordination administrative à l’égard de la Martinique, subordination jugée préjudiciable aux intérêts de la colonie. Cependant le pouvoir royal revint sur cette décision, du moins dans les domaines militaire et financier. La guerre d’Indépendance des colonies britanniques, futurs États-Unis, fut marquée pour la Guadeloupe par la bataille navale des Saintes (avril 1782), qui se déroula en réalité entre les Saintes et la Dominique, sous les commandements de l’Anglais Rodney et de l’amiral français de Grasse. L’Exclusif (monopole commercial de la métropole), corrigé par un commerce de contrebande très actif, fut atténué en 1784: un port où les Nord Américains pouvaient venir commercer fut établi d’abord à Pointe-à-Pitre, puis à Basse-Terre en 1788. Ces décisions successives suscitèrent évidemment une rivalité entre les deux villes. En ce qui concernait ses institutions, la Guadeloupe fut dotée en 1787 d’une assemblée coloniale, dont les attributions furent surtout fiscales (répartition de l’impôt) et qui incluait, outre des représentants des villes et des quartiers (subdivisions équivalant aux actuelles communes), le gouverneur et l’intendant. L’assemblée coloniale s’ajouta au Conseil souverain ou supérieur, juridiction suprême de la colonie qui existait depuis 1646. En 1789, la composition de la population de la Guadeloupe était celle d’une colonie à esclaves: ces derniers étaient près de 90 000; les Blancs, de conditions diverses (tous n’étaient pas des planteurs) étaient au nombre de 14 000 et il n’y avait que 3000 « libres de couleur », qui vivaient principalement dans les villes et bourgs.
LA RECONQUÊTE RÉPUBLICAINE …
L’esclavage fut aboli par la Convention, le 4 février 1794. Pour faire appliquer cette décision, une expédition fut envoyée vers les îles du Vent (les Petites Antilles), sous la conduite de deux commissaires civils, Pierre Chrétien et Victor Hugues, Marseillais d’origine, qui, après avoir été corsaire, vécut dans la grande colonie française de Saint Domingue. La petite expédition débarqua, au début de juin 1794, dans la région des Salines (territoire du Gosier) et réussit à s’emparer du fort Fleur d’épée puis de Pointe-à-Pitre. Elle reçut l’appui des patriotes blancs, des libres de couleur, mais aussi des esclaves, libérés par la décision de la Convention. Les Anglais demeuraient cependant maîtres de la Guadeloupe. Une opération, à la fois terrestre et maritime, menée à partir de la fin de septembre 1794, les en délogea : ils évacuèrent en décembre 1794 le fort Saint-Charles (aujourd’hui fort Delgrès), qu’ils avaient baptisé fort Matilda. Les autres îles de l’archipel furent reconquises par les républicains, à l’exception des Saintes.
LA GUADELOUPE DE VICTOR HUGUES
L’histoire de la Guadeloupe de 1794 à 1798 est marquée par la personnalité et l’action de Victor Hugues. Pierre Chrétien étant mort au combat, de nouveaux commissaires civils arrivèrent au début de 1795. Mais l’un d’entre eux, Goyrand, dut immédiatement rejoindre l’île de Sainte-Luce, temporairement reconquise par les Français, alors que le second, Lebas, personnalité effacée, ne pouvait contrebalancer celle de Victor Hugues. Dans la Guadeloupe reconquise, fut alors pratiquée une politique de terreur. Nombre de planteurs ayant préféré fuir, leurs propriétés étaient administrées par des « séquestres » au profit, en principe, de l’État. Il y avait bien des municipalités, mais elles étaient sous le contrôle des commissaires de la Convention. Des communes changèrent de nom: Sainte-Rose devint Tricolore ; Saint-François, Egalité ; Sainte-Anne, Fraternité; Port-Louis, Port-Libre et Pointe-à-Pitre, Port de la Liberté. Les anciens esclaves furent incités à rester dans leurs habitations mais, le problème des rémunérations n’étant pas résolu, cela déboucha à la fin de l’année 1797 sur des troubles, énergiquement réprimés, à Marie-Galante et à Lamentin. Victor Hugues inspira assez de confiance aux nouveaux dirigeants de la France pour devenir « agent » du Directoire (équivalent de gouverneur), avec Lebas. Il favorisa de plus en plus la guerre de Course contre les Anglais et les Nord-Américains, guerre dont il tira d’ailleurs des profits personnels. En 1797, la Guadeloupe devint département et, en 1798, Victor Hugues et Lebas furent rappelés en France. Le général Desfourneaux tenta de résoudre le problème de la rémunération des cultivateurs par un partage en nature de la production, mais il dut en octobre 1799, à la suite d’un véritable prommciamiemo, regagner la France. Le général fut remplacé par trois agents, Jeannet, Baco de La Chapelle et Laveaux (un ancien de Saint-Domingue), jusqu’à l’instauration du Consulat. Cette époque permit -à la faveur de la guerre de course, du commerce avec les neutres (dans le conflit franco-anglais) et de l’administration ou de l’affermage des habitations séquestrées -à une bourgeoisie révolutionnaire de se constituer. Elle se composait de Blancs ralliés à la Révolution, de révolutionnaires devenus notables et d’anciens « libres de couleur ». L’armée elle-même comprenait de plus en plus de Noirs et d’anciens libres.
Histoire
Le peuplement des Antilles
L’archipel qui s’étend entre la Floride et le Venezuela a été peuplé à partir du continent sud américain. Dans l’histoire précolombienne, on appelle période précéramique celle où les hommes, ignorant la poterie et l’agriculture, vivaient de pêche, de chasse de cueillette et de coquillages qu’ils ramassaient dans la mangrove. A cette période succéda celle dite de la céramique qui débuta aux Antilles vers 500 av JC. De toutes les îles des Petites Antilles, la Guadeloupe possède le plus grand nombre de pétroglyphes. Ce foisonnement bien localisé de roches gravées n’a pas encore reçu d’explication.
4000 av JC Les Précéramiques
Vers 4000 ou 3500 av. JC, les premiers hommes pénétrèrent l’arc antillais après avoir quitté l’ouest du Venezuela puis l’île de Trinidad. En Guadeloupe, des outils en pierre, trouvés loin des côtes peuvent sans doute leur être attribués : leur ancienneté estimée serait de 4000 à 3500 ans. Aux Grandes Antilles, au début du XVème siècle encore, les groupes restés à un stade préagricole résistaient difficilement dans les endroits les plus défavorisés d’Hispaniola. Les Tainos les nommaient les Ciboneys. Dans l’extrême ouest de Cuba vivaient les Guanahatabeyes, restés eux aussi au stade chasseur cueilleurs.
450 av. JC à 100 ap. JC Les Huécoïdes
La période précéramique s’est probablement prolongée dans les îles proches de la Guadeloupe jusque vers 700 ou 800 av JC. Entre cette époque et l’arrivée vers 500 av JC, d’un peuplement d’agriculteurs potiers : les Huécoïdes. Leur origine pourrait se situer dans le haut Amazone ou les Andes colombiennes, tirent leur nom du site archéologique de la Hueca dans l’île de Vieques (Porto Rico). Ils emportèrent lors de leur migration une plante alimentaire, le manioc amer, et vers le début de l’ère chrétienne ils entrèrent en contact avec les Saladoïdes. Leurs traces se perdent ensuite sur la côte nord-est de Porto Rico vers 100 ap JC.
A 800 ap. JC. La culture Saladoïde
Vers 1500 av. JC, des communautés villageoises quittèrent le haut du delta de l’Orénoque, la région du village actuel de Saladéro, pour descendre vers l’embouchure du fleuve. Les Saladoïdes, ou Arawaks arrivèrent à Trinidad vers 300 av JC. De là, ils naviguèrent jusqu’à la Grenade et naviguèrent d’une île à l’autre. Dans les Petites Antilles, cette culture prend le nom de saladoïde insulaire, car ces chasseurs-agriculteurs durent découvrir leur nouvel environnement maritime et en tirer parti. Elle connut de plus, au fil des ans, des développements locaux dont les plus visibles se manifestèrent par des changements dans la répartition des couleurs utilisées pour peindre les vases. Ces poteries se caractérisent, entre autres traits, par la présence de la couleur noire, un bitume naturel récolté à Trinidad, et par l’invariable séparation du rouge et du blanc. Ce style est nommé « blanc et rouge » mais en « blanc sur rouge ». Cette technique d’ornement définit le style des poteries dans la période dite du saladoïde modifié. C’est durant cette période que se développèrent la consommation et l’utilisation des coquillages marins. La dernière période vit l’interruption du développement des cultures saladoïdes aux Petites Antilles. A partir de 650 ou 700 ap JC, une nouvelle migration dite Caliviny, qui tire son nom d’un îlot sur la côte est de la Grenade, probablement venue de la région du Surinam, déferla sur les îles.
Les Caraïbes insulaires
Cette culture entra en contact avec celle des Saladoïdes et finit par la supplanter à la période dite suazoïde. Cette dernière se poursuivit jusqu’à la rencontre entre les Caraïbes insulaires et les Espagnols en 1493. Les Caraïbes insulaires furent décimés durant les vingt premières années de la colonisation de la Guadeloupe qui débuta en 1635. Toutefois, un groupe de Caraïbes est encore identifiables à la fin du 19ème siècle. Dans le nord de la Grande Terre, sur la territoire de la commune d’Anse Bertrand. Des descendants des Indiens caraïbes habitent aujourd’hui un territoire qui leur a été concédé en 1903 par les Anglais sur l’île de la Dominique.
Découverte de la Guadeloupe
C’est au début de novembre 1493 que l’amiral Christophe Colomb aborda d’une imposante armada, au terme de son second voyage, l’archipel Guadeloupéen. Il débarqua le 3 novembre à Marie Galante (ainsi baptisé du nom du navire amiral). Le 4 novembre la flotte espagnole était aux abords de l’île volcanique que Christophe Colomb dénomma Sainte Marie de la Guadeloupe, en hommage à un monastère de la province espagnole d’Estrémadure.
Des indiens cannibales
Les Espagnols séjournèrent sur les rivages de l’île jusqu’au 10 novembre ; les nombreux villages qu’ils visitèrent étaient vides, les indigènes apeurés s’étaient enfuis. On s’empara surtout des femmes, dont certaines étaient présentées comme des captives amenées des Grandes Antilles alors que d’autres étaient bel et bien des femmes kalinas.
Des restent humains furent découverts, qui paraissent confirmer la réputation d’anthropophagie attribuée aux Kalinas par les Tainos d’Hispaniola (ou Saint Domingue). D’où l’équivalence qui fut établie entre cannibales, déformation phonétique funéraires de Kalina, et anthropophages.
Résistance des Caraïbes
En 1496, de retour vers l’Europe, Christophe Colomb s’arrêta à nouveau en Guadeloupe ; il fut alors accueilli, d’après le témoignage de son fils Ferdinad, de façon plus belliqueuse que lors de son premier séjour. Néanmoins, pour l’amiral, la Guadeloupe paraissait devoir être une escale indispensable entre les possessions espagnoles dans les Grandes Antilles et l’Europe.
Une occupation sporadique
Au début du 16 ème siècle, les Espagnols des Grandes Antilles cherchèrent à prendre comme esclaves les Kalinas, sous prétexte d’anthropophagie. Des tentatives de colonisation de la Guadeloupe furent envisagées. Une expédition eu ainsi lieu en 1515, sous la conduite de Ponce de Léon, conquérant de l’île de Porto Rico ; elle tourna court.
Pendant cette période, les flottes en provenance de L’Europe, continuèrent cependant à faire escale en Guadeloupe pour se ravitailler en eau et bois. Des échanges pacifiques eurent même lieu avec les Kalinas. Des navigateurs d’autres nations, plus ou moins pirates, avaient également pris l’habitude de fréquenter les abords de la Guadeloupe.
Colonisation : des débuts difficiles
L’occupation permanente de la Guadeloupe par les Français débuta réellement avec Léonard de l’Olive, en 1935. L’Olive avait participé à la colonisation de Saint Christophe (au nord de la Guadeloupe), sous les ordres d’Esnambuc, et bien qu’il fût devenu l’un des colons les plus riches de Saint Christophe, il voulut s’établir à son compte. Soucieux de marquer son indépendance de d’Esnambuc, il partit à Dieppe où il s’associa à un autre gentilhomme, Duplessis qui avait déjà fréquenté l’île de Saint Christophe.
Les deux hommes obtinrent une commission, (une délégation de pouvoir) et un contrat de la compagnie des îIles d’Amérique qui en avait en charge la colonisation. La Compagnie leur accordait le commandement pendant 10 années, conjointement ou séparément “si deux îles étaient par eux habitées”. L’expédition partie de Dieppe et atteignit d’abord la Martinique le 24 juin 1635. Mais rebutés par le caractère trop montagneux de l’île, L’Olive et Duplessis poursuivirent leur route vers la Guadeloupe, où ils débarquèrent dans la région de Sainte Rose, dans le nord de la Guadeloupe proprement dite, au lieu de Pointe Allègre. Le groupe de colons fut victime d’une terrible famine : l’expédition avait en effet été pourvue de viandes et morues avariées et des cas de nécrophagie furent même signalés.
L’extermination des Caraïbes
Le 4 décembre 1635, Duplessis mourut et L’Olive, soutenu par une bonne partie des colons, crut trouver une solution aux problèmes de la colonie en s’attaquant aux Caraïbes. Il s’agissait de s’emparer à la fois de leurs jardins mais aussi de leurs femmes et il s’ensuivit une guerre meurtrière, aussi bien pour les Français que pour les Caraïbes, qui dura de 1635 à 1639. Si, au terme de ce conflit, les Caraïbes disparurent pratiquement de la Guadeloupe proprement dite (par » Guadeloupe proprement dite », on entend la partie de l’île aujourd’hui communément dénommée la Basse-Terre, par opposition à la Grande-Terre), des groupes subsistèrent cependant en Grande-Terre et à Marie-Galante. Les colons, quant à eux, s’installèrent le long de la côte sous le vent et dans la région de Capesterre. L’Olive lui-même transféra son principal point d’appui à Vieux-Fort, à la pointe sud de la Guadeloupe proprement dite.
1643-1664 : Houël, gouverneur et seigneur-propriétaire
De 1635 à 1649, la Guadeloupe fut placée sous l’autorité de la Compagnie des îles d’Amérique, dont le représentant, résidant dans la partie française de l’île de Saint-Christophe, à partir de 1643 fut Charles Houël. En 1649, la Compagnie, en difficulté, vendit l’île et ses dépendances à l’un de ses actionnaires, Boisseret, beau-frère de Houël. Ce dernier s’attacha à rester seul maître de la Guadeloupe, mais aprés la mort de Boisseret il dut consentir à un partage avec les héritiers du défunt. Houël conserva dans sa seigneurie la Grande-Terre, les Saintes et une partie de la Guadeloupe. Ce partage ne mit pas fin aux querelles, mais Houël fut cependant maintenu dans ses fonctions. Il poursuivit la lutte contre les Caraïbes, les chassant définitivement de Marie-Galante et des Saintes en 1658. C’est toutefois sous ses auspices que fut conclu en 1660, en sa maison fortifiée de Basse-Terre (qui allait devenir le fort Delgrès), un traité de paix entre Français, Anglais et Caraïbes auxquels étaient laissées en principe les îles de la Dominique et de Saint-Vincent.
Sucre et développement de l’esclavage
Soucieux avant tout du développement économique, Houël accueillit en 1654 plusieurs centaines de colons hollandais, chassés du Brésil par les Portugais. Ils étaient certes protestants, mais, avant tout, ils détenaient de précieuses techniques de fabrication du sucre. La culture de la canne se développa, du moins dans la partie de la Guadeloupe effectivement colonisée, et par conséquent le nombre des esclaves augmenta; en 1656, par exemple, ils étaient environ 3000 une population totale de quinze mille habitants. Et déjà, cette même année, eut lieu une tentative de révolte inspirée par deux esclaves: Jean Leblanc, dans la région de Capesterre, et Pèdre, dans la région de Basse-Terre. En installant une maison fortifiée sur la rive droite de la rivière du Galion, Houël fut à l’origine du développement (sinon de la création) du bourg de Basse-Terre. La toponymie conserve son souvenir, avec Houëlmont (un neck au sud de Basse-Terre), ou encore le marquisat du Houëlbourg (Houd avait reçu le titre de marquis) dans le nord de la Guadeloupe proprement dite. En 1664 prit fin la période des seigneurs-propriétaires; la (Guadeloupe passa sous la tutelle d’une nouvelle compagnie, dite des Indes occidentales, puis fut rattachée en 1674 au domaine royal.
Convoitises anglaises
Dès la fin du XVIIe siècle, la Guadeloupe fut l’objet de tentatives de conquête de la part des Anglais, qui prolongèrent ainsi aux Antilles les conflits européens. En 1691, les Anglais, placés sous la conduite de Codrington, s’emparèrent de Marie-Galante puis débarquèrent à l’Anse à la Barque, au nord de Basse-Terre. La population civile dut se réfugier au Dos d’Âne ou Réduit (région actuelle de Gourbeyre), le bourg de Saint-François (absorbé ultérieurement par l’agglomération de BasseTerre) et celui de Basse-Terre furent pris et incendiés. Un secours venu de la Martinique contraignit les Anglais à s’en aller. En 1703, la Guadeloupe fut à nouveau attaquée, par Codrington fils cette fois. Là encore, les Anglais occupèrent Marie-Galante puis débarquèrent dans la région d’Habitants (Vieux-Habitants, dans le nord de Basse-Terre). Le bourg de Basse-Tèrre et le fort Saint-Charles furent pris en avril 1703. Mais les Anglais, affaiblis par la maladie, le manque de vivres et les désertions, préférèrent évacuer la partie de la Guadeloupe qu’ils occupaient. Jean-Baptiste Labat, père dominicain, gérant d’habitation et à l’occasion ingénieur, architecte et homme de guerre, qui prit part à la défense de la colonie, souligna dans ses chroniques le rôle qu’avaient joué les esclaves noirs dans cette défense: » [Les Nègres] se cachaient dans les cannes brûlées et dans les haies le long des grands chemins, n’ayant sur eux qu’un simple caleçon de toile bleue, un gargoussier, une baïonnette et leur fusil ; s’il passait une troupe plus forte que la leur, [ … ] chacun choisissait son homme et tirait dessus, et aussitôt, ventre à terre, ils rechargeaient, gagnaient les devants, ou quelque ravinage, et revenaient faire feu [ … ]. »